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La formation au métier d’acteur tire sa richesse du maillage des expériences qui y sont évoquées. Expériences multiples du prof et de l’acteur, accumulées au fil des ans, multipliées et encore augmentées par celles d’anciens élèves, alors qu’ils s’engagent dans leur propre vie professionnelle. Leurs paroles y témoignent de l’importance du travail de Luc dans leur cheminement humain et artistique. Ouvrage à plusieurs voix donc. Où la voix prépondérante est celle de Luc, comme il se doit. Voix grave, assurée et rassurante. Celle qui guide de l’intérieur du groupe et non de l’extérieur, autoritaire. Celle dont les élèves ont dit qu’elle les conduisait primordialement au travail sur soi.
Originaire de l’Estrie, Luc Morissette est un acteur québécois. Il a fondé avec Pierre Gobeil l’Atelier de Sherbrooke en 1960. Après 15 ans d’études et de pratiques cliniques et universitaires, il reprend le boulot d’acteur en 1979 avec Parlez-moi du cul de mon enfance au Conventum. Depuis ce temps, il joue, surtout au théâtre, mais aussi, à l’occasion, au cinéma, à la radio et à la télé. Il a enseigné dans la plupart des écoles professionnelles de théâtre de la région métropolitaine de 1978 à 2007.
Exercer et enseigner le métier d’acteur Un jour, il y a peu, Marc-André, un ancien étudiant avec qui je partageais la scène et que je félicitais pour sa prestation au cinéma, m’a répondu du tac au tac : « La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. » J’ai reçu et encaissé le coup de chapeau. Me voilà devenu un ancien. Je viens d’entrer dans ma quatre-vingtième année : la brochette de la mort, comme disait Denis Arcand. Le temps d’un dernier coup d’œil aux ornières laissées derrière soi au fil des ans. Mes anciens élèves jouent, mettent en scène, écrivent des pièces, dirigent des compagnies de théâtre ou enseignent dans les écoles de théâtre. Je suis toujours content de les croiser au théâtre, sur les plateaux de tournage ou au coin d’une rue ou l’autre du Mile End. Sauf en temps de pandémie, nos retrouvailles s’avèrent le plus souvent ponctuées de câlins et de tendres bises, et marquées au coin d’un enthousiasme partagé pour nos parcours respectifs. D’aucuns en sont à jouer les mères d’ados, les grands-papas gâteau ou les flics au bord de la retraite. De mon côté, j’apparais plus souvent qu’à mon tour, en phtisique, cirrhotique, Alzheimer, cancéreux, ou autre souffreteux… J’occupais dans le temps le pupitre et eux les bancs de l’école. Ils ont aujourd’hui les grands rôles et moi les petits. Mais nous sommes encore tous et toutes des camarades de théâtre. Ainsi va la vie… d’acteur et d’enseigneur. Luc Morissette Août 2021
