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« – Peux-tu me passer ta gomme à effacer ? me demanda Pablo.– Plus tard. Tu vois bien que je suis occupé ! J’avais été tellement brusque avec lui qu’il en avait le visage décomposé. J’ai senti que Didier nous regardait sans dire un mot. Et j’ai tendu tout de suite ma gomme à Pablo. – Excuse-moi. Je ne voulais pas… Moi, je ne m’excusais jamais. Cette fois, j’ai été conscient de mon manque de gentillesse. Parce que Didier était là. »
Didier est un nouveau venu à l’école. Son sac, son habillement, son béret vert et son accent lui attirent quolibets et moqueries. Sa réserve, ses silences et son grand sens de l’observation, par contre, éveillent peu à peu la curiosité et, ses talents en calcul et en déduction finissent par lui procurer une étrange renommée, mais aussi de l’admiration. Certains lui attribuent même des pouvoirs paranormaux. Mais, un jour, un élève jaloux vide son sac sur le sol pour en examiner le contenu, et un autre, pour s’amuser à ses dépens, lui arrache son béret pour jouer au frisbee. Le jeu s’éternise et tourne mal. Didier ne remettra plus jamais les pieds à l’école. Le narrateur se souvient encore de leur dernier échange de regard. Même honteuse et repentie, la bande d’amis a compris trop tard que l’amitié est précieuse et qu’elle se mérite.
