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«Au cours des trente dernières années, les bioéthiciens se sont mis à proposer aux médecins, par exemple, des théories et des principes moraux qui sont à des lieues de leurs façons habituelles de faire. Bien entendu, les théories et les principes ne sont pas là pour conforter les gens dans ce qu'ils font, au contraire. Il reste que ceux qui agissent ne peuvent traiter la réalité d'aussi haut. Sous le contentieux opposant l'éthique professionnelle des médecins et la bioéthique, se cache un problème philosophique important: celui de savoir si et comment les théories morales peuvent avoir, au-delà des beaux discours, une prise réelle sur le monde et sur nos vies. Pour répondre à ces questions nous proposons d'envisager l'éthique comme une analyse critique de nos pratiques sociales. Puisque ces pratiques existent déjà et qu'elles sont déjà normées, il ne s'agit plus pour l'éthique de leur imposer des normes directement tirées des théories morales. Il s'agit plutôt de voir comment ces théories peuvent contribuer à l'analyse des pratiques et de leurs normes.» Michèle Marchand
Michèle Marchand est médecin. Elle détient également un doctorat en philosophie. Elle occupe actuellement le poste de secrétaire du groupe de travail en éthique clinique du Collège des médecins du Québec et de conseillère en éthique clinique auprès de la direction générale de cet organisme. Elle participe à ce titre à plusieurs des débats qui agitent le monde de la santé.
