Plaidoyer pour Guibord

L'affaire Guibord est un cas de «refus de sépulture»: Joseph Guibord, imprimeur, membre de l'Institut canadien, meurt en novembre 1869. Mais voilà que le curé et les marguilliers de la fabrique de la paroisse de Montréal, et derrière eux Mgr Ignace Bourget, refusent que sa dépouille soit inhumée dans la partie honorable du cimetière Côte-des-Neiges. La veuve et des amis du défunt intentent alors une poursuite judiciaire contre les gens d'Église. Et c'est l'avocat Joseph Doutre, également membre de l'Institut canadien, qui sera leur porte-parole. C'est sa plaidoirie que nous publions ici.

L'affaire Guibord est un cas de «refus de sépulture»: Joseph Guibord, imprimeur, membre de l'Institut canadien, meurt en novembre 1869. Mais voilà que le curé et les marguilliers de la fabrique de la paroisse de Montréal, et derrière eux Mgr Ignace Bourget, refusent que sa dépouille soit inhumée dans la partie honorable du cimetière Côte-des-Neiges. La veuve et des amis du défunt intentent alors une poursuite judiciaire contre les gens d'Église. Et c'est l'avocat Joseph Doutre, également membre de l'Institut canadien, qui sera leur porte-parole. C'est sa plaidoirie que nous publions ici. L'importance de ce texte tient, dit Robert Hébert, au fait que «Doutre a conscience que l'enjeu du procès est de délimiter le passé de l'avenir». On aura compris en effet que derrière le problème du refus de sépulture, il y a la question de la séparation de l'Église et de l'État, de la place de la raison dans une société libérale et du risque de replonger dans une sombre époque d'aveugle autorité. «Cette plaidoirie me semble un texte fondateur pour saisir l'histoire vivante des idées dans la province de Québec. Bien sûr, elle ne peut avoir le statut classique de "Self-Reliance" ou "The American Scholar" du transcendantaliste Emerson, réservoir de citations indéfiniment recyclables, mais elle est à sa manière une leçon érudite de confiance en soi au nord du 45e parallèle.»