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Le « roi » de la Côte-Nord avait tous le dons : chasseur adroit, pêcheur, trappeur, interprète, naturaliste scientifique, auteur, maître de poste, télégraphiste, adjoint au coroner, surintendant des pêcheries et même médecin autodidacte. Et dire qu'il n'avait fait qu'une seule année scolaire !
Napoléon-Alexandre Comeau (1848-1923), que le grand romancier Yves Thériault a qualifié naguère de « Roi de la Côte-Nord », n'avait pourtant rien de noble. Il était le fils d'un agent de poste de la Compagnie de la baie d'Hudson à Mingan. Cet homme n'avait reçu pour toute formation scolaire qu'une année d'apprentissage de l'anglais. Un roi donc apparemment bien démuni mais qui, grâce à sa vive intelligence, à son sens de l'observation et à sa passion pour la lecture, devint un collaborateur apprécié d'éminents naturalistes d'Amérique. Il écrivit même un livre, Life and Sport in the North Shore, qui connut beaucoup de succès tant au Canada qu'aux États-Unis. Napoléon-Alexandre Comeau fut un chasseur adroit, un pêcheur et un trappeur rompu aux méthodes amérindiennes car il avait assimilé la langue et la culture des Autochtones. Guide en forêt, trafiquant de fourrures, interprète, naturaliste, maître de poste, télégraphiste, adjoint du coroner, surintendant des pêcheries et même médecin autodidacte, il était un être d'exception. Cet homme aux dons inouïs et à la personnalité hors du commun devint une légende quand, en 1886, il traversa le golfe Saint-Laurent sur les glaces par un froid sibérien de janvier pour sauver ses compagnons en perdition. Cet exploit lui mérita la médaille de la Société de sauveteurs des Alpes maritimes de Nice et celle de la Royal Humane Society décernée par le Gouverneur général du Canada, le marquis de Landsdowne. Lire la vie de Napoléon-Alexandre Comeau, c'est entrer dans un monde qu'on ne peut guère imaginer de nos jours.
