Bleu comme la lune

À bord du train qui la mène à Québec, où elle doit participer à un colloque sur l'architecture, Nadia apprend que, dans quatre jours, le Nunavut deviendra un territoire autonome et qu'il y aura une lune bleue, une deuxième pleine lune au cours du même mois. Pendant ces quatre jours, Nadia va elle aussi se dédoubler, regarder sa vie passée et présente se dérouler comme un film qu'elle aurait vu plusieurs fois sans jamais en comprendre le sens, car elle s'endort toujours avant la fin.

À bord du train qui la mène à Québec, où elle doit participer à un colloque sur l'architecture, Nadia apprend que, dans quatre jours, le Nunavut deviendra un territoire autonome et qu'il y aura une lune bleue, une deuxième pleine lune au cours du même mois. Pendant ces quatre jours, Nadia va elle aussi se dédoubler, regarder sa vie passée et présente se dérouler comme un film qu'elle aurait vu plusieurs fois sans jamais en comprendre le sens, car elle s'endort toujours avant la fin. Se peut-il qu'elle se soit trompée de vie? Si elle n'arrive pas à écrire sa conférence, à vraiment entrer en contact avec l'homme avec qui elle vit, c'est sans doute qu'une autre vie l'attend et qu'elle pourrait, comme cette Elyza qu'elle vient à peine de rencontrer, partir au Groenland sans prévenir; une autre vie qui ne se passerait plus dans sa tête, mais bien dans le monde. Mais plus elle s'efforce de suivre son corps qui est dans le monde plutôt que d'habiter le monde qui est dans sa tête, plus sa vie lui échappe, glisse entre les mailles du temps. Il faudra attendre la fin, dans les rues de Griffintown, attendre que la lune soit "pleine, ronde, enceinte de lumière", pour comprendre ce qui fait la magie de ce roman qui, sans s'éloigner des rives du quotidien, baigne dans l'étrange lumière d'un rêve éveillé.