couverture

Vivre sans ?

Institutions, police, travail, argent... : conversation avec Félix Boggio Ewanjé-Epée

Lordon, Frédéric

  • Éditeur : la Fabrique
  • ISBN 9782358721714
  • Paru le 4 novembre 2019
  • 25,95 $ *
  • Sciences sociales

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Résumé

Un débat sur ce que signifie vivre sans institutions, pour définir si le slogan soyons ingouvernables contient réellement l'idée d'une vie sans police, sans économie, sans travail et sans pouvoir ou si le processus de destitution implique forcément l'émergence de nouvelles formes de contraintes.

Biographie de l'auteur.e

Frédéric Lordon est directeur de recherches au CNRS. Derniers ouvrages parus : La condition anarchique (2018), Imperium. Structures et affects des corps politiques (2015).

Quatrième de couverture

C'est peut-être le discours le plus dynamique dans l'imaginaire contemporain de la gauche, mais ce qui fait son pouvoir d'attraction est aussi ce qu'il a de plus problématique. Car il nous promet la « vie sans » : sans institutions, sans État, sans police, sans travail, sans argent - « ingouvernables ».

La fortune de ses énoncés recouvre parfois la profondeur de leurs soubassements philosophiques. Auxquels on peut donner la consistance d'une « antipolitique », entendue soit comme politique restreinte à des intermittences (« devenirs », « repartages du sensible »), soit comme politique réservée à des virtuoses (« sujets », « singularités quelconques »). Soit enfin comme politique de « la destitution ».

Destituer, précisément, c'est ne pas réinstituer - mais le pouvons-nous ? Ici, une vue spinoziste des institutions répond que la puissance du collectif s'exerce nécessairement et que, par « institution », il faut entendre tout effet de cette puissance. Donc que le fait institutionnel est le mode d'être même du collectif. S'il en est ainsi, chercher la formule de « la vie sans institutions » est une impasse. En matière d'institution, la question pertinente n'est pas « avec ou sans ? » - il y en aura. C'est celle de la forme à leur donner. Assurément il y a des institutions que nous pouvons détruire (le travail). D'autres que nous pouvons faire régresser (l'argent). D'autres enfin que nous pouvons métamorphoser. Pour, non pas « vivre sans », mais vivre différemment.